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Quand j'étais petit Mon bac à sable
A peine arrivé, j’ai découvert ce bac à sable. J’ai tout de suite fait des beaux pâtés. J’avais à peine un an en janvier 2006, il faisait froid, un peu de soleil, mais j’étais bien, il y avait mon papa, il ‘avait disparu’ pendant bien longtemps. Ce qui m'a manqué le plus c'était mon papa. "Je veux mon papa".
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En été je ne vois pas mon papa, car ici c’est fermé. Pendant les vacances et après l’école, je n’ai pas le droit de le voir. Pourquoi ? De quel droit ? A l’école, j’ai un ami, je lui ai demandé « raconte moi un papa, c’est quoi ? ». Le juge a dit que je n’avais pas droit à un papa, que je n’avais pas besoin de papa pour grandir. Ici tout le monde parle d’elle. J’ai entendu que la juge qui enlève les papas aux enfants était folle, papa n’était pas content quand je lui ai dit. Il m’a dit que j’avais une famille, il a compté sur ses doigts, sur mes doigts, c’était amusant car nous n’avions pas assez de mains pour compter, la mamie, les cousins, les cousines, les tantes, qui voulaient me connaître et m’aimaient. Je ne l’ai pas cru. Je n’ai pas de famille. L’autrefois, c’était mon anniversaire et il m’a fait un gâteau. Papa dit n’importe quoi, les papas cela dit n’importe quoi, ce sont « des têtes de mules », il m’a dit que j’avais une maison avec un jardin, une chambre à moi remplie de jouets et même encore le lit quand j’étais petit et même une chatte qui s’appelait Quiquine et qui parlait. Papa disait qu’il connaissait un endroit où on pouvait marcher longtemps, du matin quand on se lève jusqu’à la nuit, dans du sable et qu’il y avait la mer. Il y avait aussi des montagnes qui allaient jusqu’au ciel et couvertes de neige et qu’on dormait dans les étoiles. Des images, des mots qui me faisaient rêver, me transportaient dans un monde merveilleux qui aurait pu être le mien. J’avais fini par m’habituer ici, car c’était toute ma vie depuis tout petit, toute ma vie avec papa. Mais un jour j’ai voulu savoir la vérité, y avait-il autre chose, derrière ce bac à sable. D’abord je ne l’ai pas dit à papa, c’était mon secret. J’ai pensé qu’il fallait que j’apprenne à sauter de plus en plus haut de plus en plus fort pour m’échapper, papa m’appelle l’acrobate et, un jour, je réussis, je parvins à sortir de mon bac…
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…je montais au premier étage de la maison, repérais les lieux, c'est moi qui ai pris les photos, je suis un grand photographe et je filme aussi très bien. Mais mon horizon n’allait pas très loin : une grande maison, la cour, le bac à sable, les grilles et des voitures comme celle peut être de papa. Alors je compris combien mes tentatives étaient vaines. Les vraies chaines ce n’étaient pas, les grilles, le muret de ciment de mon bac à sable, mais la bêtise, la folie, le fanatisme des grandes personnes.
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Moi, je joue, avec papa, c’est sûr que je préférerais être ailleurs. Moi cela va. Mais ici, des enfants et des papas sont très malheureux. Je vois et j’entends tout et cela me fait un peu peur. Je me souviens une fois je n’ai pas voulu parler à mon papa parce qu’on m’a dit qu’il ne voulait pas me voir ! Je suis sûr que ce n’était pas vrai. Une fois, maman et une autre dame criaient tout le temps contre mon papa, le juge (JDE) n’a rien dit, j’avais mal au ventre. Même que papa a dit qu’il ne comprenait pas pourquoi j’étais ici et pourquoi je n’étais pas à l’école. Moi on ne m’a rien demandé, moi j’ai donné mon avis, je suis resté tout le temps avec papa et je montais sur ses genoux. Quand mon papa a voulu parler, il a levé le doigt comme à l’école et la dame a dit : quand je parle je n’aime pas être interrompue, mon papa n’a rien dit. Ici je suis toujours seul avec papa, mais jamais longtemps car il y a les surveillants. J’aimerais être seul avec papa, qu’il me raconte des histoires avant de dormir, m’apporte mon petit déjeuner au lit quand je suis fatigué, m’amène à l’école et vienne me chercher. Maman m’a dit qu’il ne fallait pas que papa me prenne dans les bras parce qu’il me serre trop fort et qu’il peut me faire tomber et que je ne pouvais pas être avec papa parce qu’il ne faisait pas attention pour traverser la rue et que je ne pouvais pas non plus aller au ski avec lui.
2007 : Dans les minutes qui suivirent la vidéo, les choses ne s’arrangèrent pas. Je n’oublierai jamais le regard de mon enfant. Malgré mon indignation et mon désir de laisser un témoignage, j’abandonnais la caméra pour me rapprocher de mon fils souffrant. L’éducateur refuse dans la vidéo à cet enfant de 3 ans de franchir la porte qui le menait dans le hall avec son ‘bâton’, grande branche bien inoffensive, sans même un mot d’explication. Un peu plus tard alors que mon fils refusait de quitter son ‘bâton’, figé dans son mètre carré, qu’il s’agrippait à moi et qu’il demandait à boire, l’éducateur refusa de lui apporter l’eau qu’il demandait en lui expliquant : « c’est au parent à s’en occuper ». Un moment plus tard Mme .... autre éducatrice, passant devant l’enfant, alors que je l’alertais de la situation, dit à ses collègues à haute voix : « (prénom de l'enfant) joue dans les feuilles mortes. ». Le médecin référent me confia, que ce même jour, après la visite à l’APCE, il avait jugé l’enfant en très mauvais état et avait demandé à la mère de le conduire aux urgences. Coïncidence troublante, la veille de ce dramatique événement, Mme ...., éducatrice spécialisée à l’AEMO avait rendu une première visite au domicile de la maman. Je précise qu’à la visite suivante, deuxième et dernière visite, la maman exprima son désir que l’AEMO s’arrête. La référente auprès des familles à l’APCE refusa d’adresser un compte rendu au JDE, malgré ma demande. En septembre/octobre 2006, l’enfant par trois 3 fois, durant les 3 semaines de visites successives, pendant 45 minutes refuse de sortir de sa poussette et cache son visage. La douleur m’étreint mais surtout la crainte, qu’y a-t-il derrière ? Le pédiatre parle de symptôme caractéristique de la dépression mais aussi de beaucoup d’autres choses possibles : il faut voir l’enfant…le suivre…Mais la référente, refuse de le signaler : « nous n’avons pas jugé utile de le faire». Les événements seront oubliés puis niés. D’autres se succéderont, les cris…les hurlements, mais que dire ? L’enfant va bien … Ce qui explique que cette fois, ce triste jour de 2007, je filme.
J’ai vu mon cousin. Papa n’avait pas menti, j’avais un cousin et une famille. Je l’ai vu à travers les grilles. Une surveillante n’a pas été contente. Je n’avais pas le droit ! Est-il besoin de raconter : les incidents se sont multipliés avec les papas. Concernant l’incident narré précédemment la directrice jugera bien de rappeler par courrier le règlement, sans qu’il n’ait été enfreint. Peut être une époque révolue, du moins je l’espère d’un personnel qui s’est égaré parfois dans une difficile mission, mais semble avoir retrouvé le sens des valeurs !
Il y avait un enfant heureux avec son père. Un bonheur fragile, en principe un droit légitime, mais ici toujours menacé, qu’il faut défendre avec rage. Ce saut, cet horizon d’horreur que tu cherches à franchir, hors de ton espace, hors de ton temps, dans un inconnu total, mon fils je l’ai franchi pour toi, pour retrouver le monde de l’humain. Merci, je l’ai fait pour toi, mais sans toi aurai-je eu la volonté et la force. Mon enfant, durant ces longues années tu as accompagné chaque instant de ma vie, de ta présence dans les rêveries les plus merveilleuses. Contre cela personne n’y pourra rien. Les temps perdu ne se rattrape jamais. Fasse que ces années volées t’apportent un supplément de grandeur d’âme et d’esprit. Ta chaude présence m’a permis de survivre, aujourd’hui, que mon combat puisse te permettre de vivre. Merci mon enfant. Ton exemple est celui de la raison, du courage et de l’amour qui triomphent. Un regret, me feras tu le reproche d’avoir tant attendu pour le combat de la vie ? Une douleur à jamais : quelle est ma responsabilité dans cet engrenage de la folie et de la barbarie, alors que j’avais tant à t’offrir.
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